Comment la smart city vient-elle en aide à la politique publique locale ?

Jeudi 16 février 2023
Comment la smart city vient-elle en aide à la politique publique locale ?

Sobriété énergétique, résilience climatique et démocratie participative sont les principaux enjeux de la ville de demain.

La smart city fait écho à ces problématiques en offrant la possibilité à la politique publique locale de mettre l’innovation technologique au service des territoires.

Car la ville intelligente est avant tout une ville connectée où la récolte et l’analyse de données apportent plus d’efficacité et permettent d’associer les citoyens dans la construction d’un cadre de vie plus durable, résilient et attractif.

Dans cet article, découvrez comment la smart city soutient la politique publique locale en mettant la data et l’intelligence artificielle au service de l’intelligence collective.

Smart city et politique publique : quel est le lien ?

Gestion optimisée de l’énergie, de l’eau et des déchets, mobilité durable, transition numérique, démocratie inclusive et participative… la ville intelligente porte en elle la promesse d’un urbanisme plus viable, plus sobre et plus sûr grâce au numérique.

Tout l’enjeu d’une ville « smart » est de se servir des données collectées produites pour améliorer le quotidien des citoyens, réaliser des économies budgétaires et prendre les meilleures décisions possibles au niveau de la collectivité.

Concrètement, l’analyse intelligente et l’utilisation de la data récupérée depuis les capteurs et les objets connectés présents sur les infrastructures permettront d’améliorer la qualité de vie des citadins en rendant la ville plus adaptable et donc, plus efficiente.

Smart city, un service concret apporté aux citoyens

Les villes intelligentes font levier sur la technologie pour fournir des réponses concrètes à l’amélioration du cadre de vie des citoyens.

Depuis la crise sanitaire de la pandémie du Covid-19, la mesure de la qualité de l’air est par exemple devenue un sujet de première importance pour les collectivités. Le contexte actuel impose ainsi aux communes de trouver des solutions concrètes et durables pour assurer la santé des enfants dans les écoles primaires.

Par exemple, en réponse à cet enjeu sanitaire majeur, la communauté urbaine de Nice a mis en place des capteurs de CO2 dans toutes ses écoles pour s’assurer que les enfants bénéficient d’un environnement de travail sain et non pollué, favorable à l’apprentissage.

Même démarche pour la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a installé plus de 3 000 objets connectés dans ses lycées. On peut également évoquer la ville de La Rochelle qui a récemment indiqué qu’elle déploierait le même genre de dispositifs de mesure de la qualité de l’air.

Le succès de ces différentes initiatives a même donné lieu à la création d’une plateforme commune de centralisation des données pour suivre l’impact carbone des régions en vue d’atteindre les objectifs de neutralité des émissions d’ici 2040.

Rendre les citoyens acteurs de la politique publique locale

Vivre ensemble, c’est avant tout décider ensemble.

Les attentes en matière de démocratie participative sont au cœur des préoccupations des citoyens. C’est du moins ce que montre un sondage OpinionWay réalisé en 2021, qui témoigne du fait que 83% des Français souhaitent davantage d’engagement de la part des élus en matière de concertation citoyenne.

Les communes de Lille, Besançon, Paris ou Toulouse l’ont bien compris. Elles ont toutes trois lancé un projet participatif d’amélioration des voies réservées aux vélos en s’appuyant sur l’analyse de la data ainsi que sur la participation active des usagers.

En plus de capteurs de trafic connectés installés à certains carrefours et embranchements, ces communes ont fait appel au crowdsourcing et se sont dotées d’un système de collecte des données des utilisateurs de bicyclettes et trottinettes pour enregistrer, cartographier et analyser leurs déplacements. Une application mobile donne également la possibilité de signaler les « points noirs » et autres nids-de-poule rencontrés sur leur trajet quotidien.

Une double bonne opération pour ces zones urbaines qui, en plus de s’attaquer efficacement aux problématiques de mobilité douce, ont su inclure les citoyens dans la recherche de solutions.

Embarquer les associations locales dans le projet urbain

Dans la capitale, plusieurs associations comme Paris en Selle et Droit au Vélo – d’ordinaire plutôt réticentes — ont décidé de jouer le jeu de la smart city en partageant massivement les données de leurs adhérents afin de donner plus de pertinences à l’analyse de la data.

« Toutes ces données permettent d’objectiver une saturation de certains carrefours et permettent de refondre complètement les objectifs du nouveau plan vélo. Les données mises à disposition font clairement réfléchir tout le monde — élus, associations et citoyens — pour définir le futur plan vélo. » Patrick Pigache, chef de projets démarche data & open data pour la ville de Paris.

Un bel exemple d’utilisation de l’intelligence collective rendue possible par une démarche smart city : la libération de la donnée devient un outil d’aide à la décision pour les élus, pour la direction technique et pour mesurer au jour le jour la pertinence des nouveaux aménagements dédiés à la mobilité urbaine.

Le saviez-vous ? En 2018, on comptait 25 smart cities en France, dont quatorze qui recensaient moins de 250 000 habitants. 64 % de ces villes intelligentes ont investi dans l’open data, qui consiste à ouvrir les données de la ville aux entrepreneurs ou aux citoyens. Cela donne la possibilité de visualiser ces dernières et de créer des services adaptés aux besoins.

Smart city : Aide à la décision et justification des dépenses publiques

Dans le privé comme dans le public, les données sont devenues un actif à haute valeur ajoutée. Pourquoi ?

Parce que dans un environnement économique et social devenu incertain, c’est l’analyse de la data qui permet de prendre des décisions éclairées et adaptées à une réalité de plus en plus en plus complexe et mouvante.

Dans le cadre d’une stratégie smart city, l’utilisation de données en temps réel permet alors de faire des choix rapides issus d’informations qui proviennent directement du terrain.

Prévention des risques naturels

La data peut même sauver des vies. La ville de Dijon s’est ainsi dotée d’un système de prévision des crues des rivières environnantes. Depuis, des capteurs installés par la mairie récoltent en temps réel les données météorologiques. Associés à des modèles d’analyse qui prennent en compte l’historique des précipitations sur les dix dernières années, ils permettent d’augmenter la capacité et la qualité des décisions des élus.

Un orage violent se prépare ? Les agents municipaux sont prévenus par notifications SMS et e-mail. Ils peuvent ainsi déclencher des mesures préventives (fermeture d’une rue, évacuation d’un périmètre…) plus de 48 heures à l’avance sans affoler la population et en assurant la sécurité des citoyens.

Justification des mesures prises par l’équipe municipale

À l’ère du fact-checking, posséder des données fiables donne un avantage certain à celui qui les possède.

Au niveau d’une collectivité, l’utilisation de données neutres participe à l’élaboration d’un référentiel commun sur lequel chacun peut baser sa réflexion et ses arguments.

Une démarche smart city est alors la garantie d’un dialogue sain et d’une communication plus transparente entre élus et citoyens, ou entre citoyens eux-mêmes.

La récolte et l’analyse de la data contribue ainsi à :

  • Prouver à chaque instant que les mesures mises en place pendant la durée d’un mandat ont réellement porté leurs fruits ;
  • Mettre fin à certains conflits de voisinage en se basant sur des faits concrets ;
  • Faire éventuellement taire certaines critiques quand celles-ci sont infondées, surtout en période électorale.

L’université de Villeneuve-d’Ascq, à côté de Lille, a par exemple disposé des capteurs tout le long des 100 kilomètres du réseau d’alimentation en eau du campus. Ce système permet d’anticiper ou de réagir au plus vite lors d’une fuite et ainsi d’économiser 300 mètres cubes d’eau, soit uneéconomie de 1 200 euros par jour et un geste pour la préservation de la biodiversité. Des résultats factuels et infalsifiables à mettre au crédit de l’équipe municipale.

Conclusion

La smart city vient donc appuyer la politique publique locale en lui donnant plus de poids et de pertinence, car elle repose sur l’utilisation d’informations tangibles, neutres, vérifiées et accessibles pour tous.

Grâce à des outils collaboratifs, les habitants ont également la liberté de développer des projets citoyens porteurs de sens pour leur ville.

La smart city est aujourd’hui le point visible de la transition numérique de l’action publique locale. Elle ne propose pas de solutions toutes faites aux problématiques que rencontrent les élus, car la ville intelligente est avant tout et doit rester un projet politique.

La collecte et l’analyse de la data à l’échelle d’une ville ouvrent de nouvelles perspectives quant à la co-construction d’un modèle de développement des collectivités locales plus résilient, plus collaboratif et plus adapté aux changements.

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