Qu’est-ce qu’une safe city ?
Dans un monde parfait, les citoyens se baladeraient sans crainte dans les rues de la ville, laisseraient leurs vélos stationnés sans cadenas et prendraient la voiture sans se soucier du trafic. Dans le monde réel, les villes sont nettement différentes de cette image idéalisée mais tendent à s’y rapprocher. Comment ? Grâce à l’utilisation de nouvelles technologies couplées à l’intelligence artificielle. Disséminées un peu partout dans la ville, des caméras surveillent les voies et les citoyens, ce qui permet aux forces de l’ordre d’intervenir rapidement en cas de comportement suspect ou de danger. Mais alors à quels enjeux répondent à la safe city ? Existe-t-il des safe cities en France ? Explications.
Safe city : définition et enjeux
Safe city : une définition complexe ?
L’émergence de la criminalité, du terrorisme ou encore des catastrophes naturelles dans certaines villes fait écho à l’urbanisation croissante de notre société. Résultat, les villes sont de plus en plus en danger. Les autorités urbaines doivent alors redoubler d’efforts pour maintenir la sécurité et la qualité de vie des citoyens. Avec la safe city, elles mettent désormais un nom sur un concept de ville intelligente axée sur la sécurité, entre prévention et surveillance. Mais alors qu’utilisent les villes pour devenir plus safe ?
La safe city ne se limite pas à la vidéoprotection. En effet, d’autres technologies comme l’utilisation de drones, de la big data ou d’algorithmes aident les autorités à prévenir les délits mais également les risques naturels ou sanitaires.
Safe city : des enjeux multiples
Si la sécurité et la qualité de vie des habitants est évidemment un enjeu majeur pour les collectivités territoriales, l’attractivité des villes pour les investisseurs et le tourisme sont d’autres facteurs à prendre en compte quand il s’agit de développer la safe city. Quel touriste se rendrait dans une ville où le taux de criminalité est largement supérieur à la moyenne ?
Safe city : une tendance qui s’affirme
De Nice à Paris, en passant par Dijon, les projets de safe city fourmillent. Augmenter le sentiment de sécurité des citoyens, lutter contre la criminalité, rendre sa ville plus attractive pour les touristes… Les motivations politiques derrière la safe city sont variées. Parfois, c’est la tenue d’un événement d’envergure qui joue le rôle d’élément déclencheur. L’organisation des JO 2024 à Paris a ainsi mis un coût d’accélérateur aux projets de smart city et safe city de la capitale. A cette occasion, l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) ont lancé un appel à projet Flash dès 2019 pour développer les « meilleures solutions technologiques pour répondre aux problématiques de sécurité que pose cet évènement ». Parmi les projets présentés, une start-up proposait de sécuriser l’accès aux infrastructures olympiques via la reconnaissance faciale, quand une autre cherchait à prédire et détecter les anomalies dans une foule en mouvement grâce à la vidéoprotection automatisée et aux caméras thermiques. Mais garantir qu’un tel évènement soit suffisamment sécurisé, c’est permettre à des milliers de touristes de se déplacer dans Paris et les autres communes accueillantes sans crainte pour la qualité de leur séjour.
Safe city : deux exemples réussis
Entre la smart city et la safe city, il n’y a qu’un fil. Généralement, la plupart des grandes métropoles qui se sont lancées dans des projets smart sont au fait des nouvelles technologies pour assurer la sécurité de leurs habitants.
Dijon Métropole, safe city la plus étendue de France
La Métropole de Dijon (Dijon et 23 communes alentours) a débloqué un budget de 105 millions d’euros sur 12 ans pour développer son projet OnDijon. Sous son hyperviseur, 6 postes de commandement coexistent dont celui de la sécurité et celui de la police municipale, qui pilotent à distance les 23 communes et s’assurent de la sécurité de l’espace public. Ainsi, l’infrastructure permet de gérer les crises naturelles comme les inondations, de coordonner la vidéoprotection des citoyens (269 caméras installées) avec les interventions des forces de l’ordre et enfin d’assurer la sûreté des bâtiments publics en cas d’intrusion ou d’incendie. Par exemple, la patinoire et la bibliothèque municipale ont reçu de nouveaux systèmes de détection anticipée d’incendie et intrusion.
Nice, le laboratoire de la safe city
Nice se hisse en tête des communes les plus équipées en caméras (2 600 pour 346 000 habitants). La ville a collaboré avec Thalès lors d’une expérimentation de reconnaissance faciale au moment du carnaval de Nice en 2019. Elle devait permettre d’identifier des faux suspects parmi un échantillon de volontaires invités à franchir des portiques. Une expérimentation plutôt réussie, puisqu’elle a même permis de distinguer des jumeaux ! Néanmoins, la collectivité a dû faire face aux inquiétudes des citoyens sur la protection de la vie privée et des données personnelles. La CNIL s’est d’ailleurs emparée du sujet en appelant à un débat public sur cette technologie et en mettant en garde sur ses dérives.
A Nice, la vidéoprotection constitue également une aide à la gestion des phénomènes climatiques et à la prise de décisions, comme fermer des voies sur berge en cas de crue.
Les avantages de la Safe city
La safe city présente de nombreux avantages dont celui de garantir la sécurité des citoyens. Mais son champ d’intervention ne s’arrête pas là.
En 2020, elle a apporté une réponse aux municipalités pour gérer la crise sanitaire en utilisant des caméras à capteurs optiques ou thermiques qui permettaient de prendre la température des individus et de détecter ceux qui étaient porteurs de fièvre. Mennecy, une commune de l’Essonne, s’était par exemple procurée trois caméras thermiques portatives pour vérifier les distanciations sociales. Pendant les confinements, Paris surveillait le port du masque dans le métro de Châtelet-les-Halles grâce à la vidéo-surveillance. Le dispositif de caméra 3D de StereoLabs – originellement utilisé dans un film de James Cameron – avait été utilisé pour imposer le respect des distances sociales dans des magasins de la ville.
La safe city est également une solution pour réguler la circulation urbaine. Issy-les-Moulineaux, par exemple, utilise l’intelligence artificielle, l’open data, des capteurs et les réseaux sociaux pour développer des outils prédictifs d’aide à la décision.
Si la safe city n’en est finalement qu’à ses débuts, il est fort à parier que le concept se développe et touche les grandes métropoles françaises, à l’instar de la smart city.
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