Télérelève des compteurs d'eau en réponse aux urgences territoriales

Une crise de l’eau grandissante

Chaque foyer français en consomme en moyenne près de 150 litres par jour.L'accès à l’eau potable dans nos vies semble une évidence. C’est pourtant de moins en moins vrai. Sous le double effet des activités humaines et du dérèglement climatique, la ressource s’est raréfiée de 14% en 20 ans, selon une note récente de France Stratégie.

Autre constat de cette crise de l’eau : plus de la moitié des masses d’eau présentent un état écologique dégradé et plus d’une centaine de points de captage ferment chaque année, faute d’une qualité suffisante. 

Les enjeux du plan eau, en faveur d’une consommation responsable

Face à la situation hydrique critique et dans le cadre de la planification écologique, un plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, dit « plan eau » a été lancé en mars 2023. Il prévoit 53 mesures visant à répondre à 3 enjeux majeurs :

• la sobriété des usages ;
• la qualité de l’eau ;
• la disponibilité de la ressource.

Objectif de ce plan d’action ? Réduire de 10% la consommation d'eau d'ici 2030. Il consacre notamment 180 millions d’euros par an pour résorber un gaspillage colossal dû à la vétusté de réseaux d’alimentation, datant pour moitié de plus d’un demi-siècle. On estime qu’en moyenne, 20 % du volume total d’eau potable se perd dans les fuites. Dans certaines communes, les pertes sont supérieures à 50%. D'où l'intérêt croissant pour la télérelève des compteurs d'eau, qui permet d'identifier et de réduire ces pertes.

Les collectivités face à la modernisation de la gestion de l’eau

En octobre 2024, le Sénat a assoupli les dispositions issues de la loi NOTRe en supprimant l’obligation au 1er janvier 2026 du transfert des compétences de l’eau aux intercommunalités. Les communes et les intercommunalités, ainsi que leurs Entreprises publiques locales (EPL) n’en conservent pas moins un rôle central dans la distribution d'eau potable et la gestion des eaux usées. Face aux enjeux écologiques et économiques, elles doivent faire des arbitrages parfois complexes pour rendre leurs réseaux plus efficaces. Parmi les solutions choisies, la connectivité des réseaux gagne chaque jour un peu de terrain. « Les technologies digitales constituent l’outil le plus sûr de préservation de la ressource et de transition écologique pour les collectivités », affirme Charles Alexandre Concedieu, Senior Solutions Sales Manager EMEA chez Itron.

De fait, la télérelève des compteurs d’eau permet aux régies d’analyser le rendement des réseaux, d’avoir une vision fine des consommations, de détecter les fuites, de repérer les usages non autorisés et d’améliorer la gestion des contrats avec une facturation au réel.

Les collectivités peuvent choisir entre 3 technologies :

• LoRaWAN (Long Range Wide Area Network), une technologie radio basse consommation ;
• NB-IoT (Narrowband-IoT) une technologie cellulaire ;
• Wize, la technologie radio utilisée par Suez et GRDF.

Plus de 5 millions de compteurs connectés à de la télérelève

Une fois n’est pas coutume, la France figure plutôt parmi les bons élèves en matière de connectivité. Sur 25 millions de compteurs installés dans l’Hexagone, 5 millions sont aujourd’hui connectés à une infrastructure de télérelève des compteurs d’eau. Une proportion qui devrait doubler d’ici 2030.

« La connectivité offre aux élus et à leurs services délégataires la promesse d’un gisement d’informations précieuses pour optimiser la gestion des réseaux, des flux et des consommations.  En se dotant d’un système de gestion intelligent, ouvert à des développements futurs, les territoires peuvent entrer de manière proactive dans la transition énergétique et environnementale », commente Bertrand Blaise, Directeur Développement Commercial Smart Solutions & Grands Projets de Sogetrel.

3 questions à Alexandre De Reviers, fondateur et directeur de Dioptase : « La migration vers la télérelève est une vraie volonté politique »

Où en sont les collectivités en matière de télérelève des données liées à l’eau ? 

Le cœur de métier de Dioptase consistant à fournir une solution globale mobile ou fixe pour le traitement de données de relève de compteurs, nous sommes bien placés pour constater que les enjeux soulevés par le stress hydrique poussent de plus en plus de territoires vers des solutions digitalisées de gestion de l’eau. Pour autant, la migration de la relève manuelle ou radio mobile vers la télérelève est une vraie volonté politique. Ne serait-ce que parce qu’elle induit un investissement significatif pour des collectivités aux ressources financières déjà très contraintes.

Elle permet aussi de générer des économies par un meilleur contrôle des consommations…

Bien sûr. Mais ici comme ailleurs, il faut rester pragmatique, tenir compte de l’existant et des besoins de chaque territoire. Beaucoup d’élus optent par exemple pour le passive drive ou drive b. Une solution intermédiaire qui consiste à équiper des véhicules de type camions poubelles de boîtiers radio, qui collectent les données des compteurs devant lesquels ils passent, avant de les envoyer par GSM aux logiciels de facturation. De manière générale, au-delà des options technologiques retenues, il est important pour les collectivités de conserver des outils de mobilité qui vont leur permettre de relever les index quand la couverture réseau est insuffisante ou de faciliter certaines interventions de maintenance.

La mutualisation modifie-t-elle la donne ?

Avec la loi NOTRe et le développement des intercommunalités, la question de l’interopérabilité des outils de gestion en place devient centrale, a fortiori au sein de réseaux fraîchement unifiés, certains fabricants de compteurs utilisant des protocoles radios distincts. La grande force de Dioptase réside dans son indépendance financière et donc technique. En proposant des solutions informatiques compatibles avec l’ensemble des outils de gestion clientèle (facturation des eaux) utilisés en France ainsi qu’avec les principaux protocoles radio, nous permettons aux régies d’éviter l’écueil d’un relevé séparé pour chaque protocole et de mettre en place des systèmes ouverts et évolutifs, garantissant une véritable mise en concurrence pour la fourniture des compteurs et des modules radios.